« Quelque part »…

C’est ici, c’est la terre, le tapis sous nos pieds. Quelque part n’est pas ailleurs.

C’est notre part d’existence, la forme quelconque et pourtant unique que prend la vie en nous.

Le premier pas de la danse, le grand pas….c’est d’arriver ici !

Ici, quelque part où le bonheur d’exister nous attend.

Quelque part…c’est mon corps, le lieu des semences et des moissons, le temple où la vie et la mort lorsqu’elles s’épousent, me donnent naissance dans un plus haut lieu, beaucoup plus ici.

Quelque part dans mon corps est le corps de la terre.

Arriver ici, ce n’est pas se rétrécir, c’est prendre le large. C’est un agrandissement….et là…

Se tenir précisément, tendrement immobile.

La posture doit être tenue, précise, claire mais précision et rectitude ne sont pas celles des bancs ou des poteaux, tous ces arbres domestiques, ces arbres morts.

La droiture du Saule est frêle et frémissante.

La colonne vertébrale n’est pas un pieu où s’attache nos chairs, mais une colonne d’énergie rayonnante pour que chacun de nos membres se donne à la lumière.

Tendresse dans la rectitude, douceur dans la fermeté. Tenir ensemble les contraires, car l’eau est plus solide que la roche !

Ferme et fluide, précise et tendre, telle est la posture du Saule, son Immobilité alors ne peut être close. Elle demeure dans l’Ouvert.

L’arbre n’est pas enfermé dans ses limites.

Par tous ses pores, il épouse l’Invisible qui l’entoure, l’Infini qui frappe à son écorce. L’Etre, la Vie, le mystérieux Aimant qui vient se fiancer sans cesse à sa sève, à son sang…

Tout cela est à vivre, au creux de l’assise, à chaque mouvement….

Savoir qu’avant même le premier pas, nous sommes déjà dansés : Dans nos atomes, dans nos cellules…

Laisser être ce qui danse en nous.

Suivre le Souffle…

L’art du saule – J.Y Leloup. L.Gottwald